Pour Xavier Niel, le permis, c'est free ?
- guillaume jouet
- 22 janv.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 avr.
Un étonnant revirement de la Collectivité (et de l'ATE ?)

Monsieur Xavier Niel a déposé une demande de permis de construire en décembre 2023 pour une villa de 503 mètres carrés à Gouverneur. L'ATE a alors transmis un avis défavorable (en date du 9 janvier 2024), particulièrement motivé :

Cet avis défavorable de l'ATE a suffit à convaincre le Conseil exécutif, qui n'a repris que ces arguments pour refuser le projet, conformément à l'article 112-7 du Code de l'urbanisme. La décision relève du bon sens au regard des problèmes soulevés par l'ATE, et il convient de souligner qu'elle a été adoptée à l'unanimité : même Romaric Magras, peu connu pour sa sensibilité écologique et bon élève de Bruno Magras, a estimé que les pieds de bois étaient plus importants que l'énième villa d'un milliardaire (Alexandra Questel était absente, sans avoir donné de procuration).
Qu'à cela ne tienne, Monsieur Niel présente une seconde demande de PC en juillet 2024. Même projet de 502,46 mètres carrés. Toujours un avis défavorable de l'ATE (en date du 26 juillet 2024), reprenant peu ou prou les mêmes arguments mais de façon un peu plus succincte :

Et de nouveau un refus du Conseil exécutif, s'appuyant encore une fois sur l'article 112-7 du Code de l'urbanisme, et adopté à l'unanimité (7 voix exprimées cette fois-ci).
Mais on ne décourage pas comme ça un milliardaire qui a besoin de loger sa petite famille dans l'urgence. Nouvelle demande en octobre 2024, toujours pour un projet de 502 mètres carrés. Étrangement, l'avis de l'ATE est beaucoup moins détaillé et, surtout, il n'est plus défavorable :

Est-ce une pudeur rédactionnelle ou un réel revirement de leur part ? Toujours est-il que, en l'absence d'opposition catégorique de l'ATE, le Conseil exécutif de Xavier Lédée a pu donner libre cours à sa permissivité aigüe et accorder le permis par quatre voix contre trois le 8 janvier 2025. X. Lédée, M.-A. Aubin, R. Magras et A. Questel ont définitivement approuvé le projet. Ils seront sans aucun doute à même d'expliquer en quoi un même projet sur une même parcelle peut passer du statut d'indésirable à celui d'écologiquement acceptable.
Dans ses deux premiers avis, l'ATE faisait référence, en plus de l'habitation, à un terrain de tennis et une piscine. A-t-on opportunément éliminé ces deux éléments pour minimiser les destructions ? On sait bien qu'une simple déclaration préalable suffira pour les construire quelques mois plus tard, juste le temps de supprimer discrètement quelques arbustes gênants pour éviter un avis défavorable. Ou bien une refonte totale du projet a t-elle permis d'éviter la destruction de 56 individus d'espèces protégées répertoriés précédemment ? On est en droit d'en douter jusqu'à preuve du contraire.
« Gouverneur est une zone unique de l'île », disait l'ATE. Unique, mais aussi totalement free pour certains.
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