La ferme verticale fait chou blanc
- guillaume jouet
- 30 juil. 2022
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 avr. 2023

Par une décisison rendue exécutoire le 11 juillet dernier, le Conseil exécutif a refusé le permis de construire demandé par la société ZERO ST BARTH SAS, dirigée par Paco Chanseau.
Pour rappel, ce projet d'un bâtiment de 384 m2 sensé abriter une ferme verticale de culture hydroponique devait se faire sur la route de Saline à Saint-Jean (en haut de la côte, peu avant le virage), parcelle AP325, zone N.
Deux motifs de refus ont été avancés par le CE :
- insuffisance des réseaux électricité et eau potable,
- absence de toiture à 4 pans (70% minimum selon le règlement de la carte). Le bâtiment était en effet couvert d'une toiture plate intégrale.
Aurait-pu également être avancé le fait qu'un bâtiment, lorsqu'il est admis en zone N (usage agricole), ne peut excéder 120 mètres carrés. Le projet prévoyait un bâtiment de 384 m2.
Il était également possible de considérer que la hauteur du bâtiment, qui doit se calculer à partir du point le plus bas après affouillement, ne doit pas excéder 3,50 mètres à l'égoût de toit ou à l'acrotère, ce qui n'est certainement pas le cas à moins d'avoir inventé le concept de ferme horizontale.
Mais il reste surtout un point primordial qui devra être tranché rapidement si l'on ne veut voir fleurir indéfiniment ce genre de projets : quelle est la définition exacte d'un "bâtiment agricole"? Une ferme verticale, véritable cathédrale de béton, entièrement close, climatisée, éclairée artificiellement peut-elle être considérée comme une grange, un hangar à tracteur ? La production intensive hors sol ne doit-elle pas s'apparenter à l'industrie plutôt qu'à une activité agricole traditionnelle, à fortiori sur une île de cette taille?
Si aucune définition sérieuse ne vient encadrer les activités agricoles à Saint-Barth, nul doute que les appétits démesurés des requins bétonneurs trouveront là matière à s'épanouir. La destination d'un bâtiment est certes réglementée, mais le béton reste en place après une faillite bien organisée et quelques petites années suffiront à convaincre des élus peu scrupuleux (on en a connu !) que le site est finalement bien assez urbanisé pour que le classement en zone N ne soit plus justifié.
Un gros travail de réflexion sur les modalités d'une activité agricole en adéquation avec les besoins et capacités de Saint-Barth doit être menée d'urgence, au risque de voir fleurir de superbes villas rondes dont le permis initial aurait stipulé "Cuve de méthanisation, bâtiment à usage agricole" (ne restera en effet qu'à percer quelques baies vitrées).
En attendant, Paco Chanseau travaille certainement à un nouveau projet immobilier, pardon, agricole, pour le bien être de l'île et de sa population, espérant un jour passer à travers un filet aux mailles beaucoup trop larges. Premier round ?
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