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Le Bois Gratté

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Suite à la décision de la cour d’appel de Bordeaux qui avait annulé le permis Autour du Rocher en mars dernier, la société RSB a porté l’affaire devant le Conseil d’État, avançant pour se faire six arguments qui, selon elle, permettaient de casser cette décision.

Décidément, le sort s’acharne sur cet humble projet puisque le Conseil d’État n’a pas admis la requête, estimant que les moyens avancés ne sont pas de nature à faire réviser le jugement. Pas de cassation donc, le permis Autour du Rocher 2019 est, tout comme son prédécesseur de 2018, définitivement annulé, sans autre recours possible !


Saint-Barth échappe encore une fois au bétonnage massif d’un lieu devenu désormais symbole des combats menés contre les sociétés d’investissement qui n’ont que faire de l’île et de ses habitants. Voilà cinq ans que les voisins du projet se battent, obtenant l’annulation d’un premier permis et aujourd’hui du second, et n’ayant jamais cédé aux sirènes des compromis et autres discussions amiables. Opiniâtres, fermes et discrets… tout le contraire des bétonneurs bling-bling qui saccagent Saint-Barth depuis quelques années.


Conséquences directes :


Les deux projets annulés avaient pour base l'ancien règlement de la carte d’urbanisme. Celui-ci a changé en 2021, devenant plus restrictif. Si les surfaces de plancher autorisées n’ont malheureusement pas beaucoup diminué, les surfaces non imperméabilisées et végétalisées doivent désormais être plus importantes.

De même, les constructions en R+1 sont désormais impossibles sur cette parcelle. Terminés les suites master en étage avec vue sur la baie de Saint-Jean, suites en rez-de-chaussée pour les moins fortunés et locaux techniques accessibles en sous-sol.

Un éventuel nouveau projet devra apprendre l’humilité du rez-de-chaussée, c'est ballot !


Mais plus important encore, le tribunal administratif de Bordeaux a estimé que la disposition particulière à la parcelle AP137 qui précise « Bâtiment à reconstruire » doit bien être prise au pied de la lettre, comme l’affirmaient les requérants depuis toujours. Il s’agit donc bien d’une reconstruction qui, si elle n’est pas forcément identique, ne peut outrepasser les surfaces de plancher de l’ancien bâtiment. La société RSB avançait une surface de plancher de 600 mètres carrés pour les constructions « historiques ». On est aujourd’hui bien loin des 1 300 mètres carrés accordés uniquement pour la partie haute du projet.

De plus, RSB avait, par excès de zèle sans doute, fourni des plans de l’existant avant incendie (soit avant 1991). Sur ces plans, qui n'ont aucune valeur légale, on a beau mesurer sous toutes les coutures, on ne trouve au final qu’environ 250 mètres carrés de surface de plancher. De plus, on n'atteint ce nombre qu'à condition d'inclure la partie « danse » (pour celles et ceux qui s'en souviennent avec émotion), qui n’était qu’un préau ouvert et n'était donc théoriquement pas intégré au calcul.


Il y aura donc matière à débat sur la surface réelle autorisée et le prochain pétitionnaire devra sans doute fournir les plans officiels ayant permis de délivrer le(s) permis de construire de la construction initiale. On ne peut en effet se targuer de reconstruire un bâtiment qui n'aurait eu aucune existence légale lors de sa construction ou pour lequel il ne reste aucune preuve tangible et précise de surface de plancher. L’intégralité des ruines ayant été volontairement rasée depuis 2018, il ne reste actuellement que la tour pour fournir une réalité quantifiable de l’« existant avant incendie », soit environ vingt mètres carrés de surface de plancher.


Cette nouvelle appréciation des juges et du Conseil d'État remet également en cause le rôle de la partie hachurée dans le calcul de constructibilité de la partie haute. Le règlement de la carte inclut en effet cette zone d'environ 7 000 mètres carrés qui n'est ni constructible, ni zone N, mais qui, partie intégrante de la zone UR, permet un calcul de surface de plancher totalement démesuré. Cette zone devrait aujourd'hui raisonnablement être reclassée en zone N, dans la mesure où elle est non constructible et ne permet plus d'augmenter la SP, qui ne peut dépasser celle de l'ancien bâtiment. La Collectivité se penchera-t-elle sur le problème lors de la révision prochaine de la carte et du règlement ?


Reste la partie basse du terrain (zone UV), pour laquelle le règlement n'a pas beaucoup évolué, si ce n'est la suppression de 50 mètres carrés de surface de plancher autorisée et l'augmentation de la surface végétalisée obligatoire qui doit désormais représenter 50 % de la zone constructible.

Mais se pose également pour cette partie basse le problème du canal qui la longe sur toute sa longueur. Celui-ci a en effet été déclaré « servitude d'utilité publique » (SUP) pour l'évacuation des eaux pluviales en 2020, figurant ainsi en annexe du Code de l'urbanisme avec renvoi à l'article R126-1 du Code national. Les modalités de construction de la partie basse de la parcelle devront désormais prendre en considération cette servitude administrative : selon les règlements, en cas de conflit d'usage, elle est opposable à toute demande d'urbanisme et ne peut souffrir aucune dérogation…


Le retour sur investissement, unique raison d'être de ce projet démesuré, s'annonce désormais bien compromis, les investisseurs ne mesurant leur amour pour Saint-Barth qu'au regard des possibilités de bétonnage.

Une occasion en or pour la Collectivité de racheter ce lieu et d'en faire un sanctuaire géré par l'ATE, doublé d'un sentier d'accès public à la plage de Lorient qui en manque cruellement ?

Rêvons un peu, ça ne coûte rien…



  • Photo du rédacteur: guillaume jouet
    guillaume jouet
  • 8 avr. 2023
  • 1 min de lecture



Depuis 2018, la parcelle AP137 Autour du Rocher est le théâtre de dépôts de roches et gravats, prétextes à une élévation du terrain et à l’exploitation de ce qui ressemble à une nouvelle carrière. D’une pierre, deux coups…

Jour et nuit les camions continuent d’affluer. Les pelleteuses trient et étalent le tout-venant. Les plus gros blocs de roches (blanches) sont mis à l’écart, cassés ou taillés par les ouvriers pour, semble t-il, alimenter des chantiers. Arrivages de camions quasiment toutes les nuits, entre trois et six heures.


L’autorisation de « stockage » de roches et remblais a pris fin le 31 mars 2023. Depuis huit jours, les dépôts sont illégaux. Les déchets de chantier débordent en grande partie sur la partie hachurée du site, zone qui doit, selon la carte d’urbanisme, être préservée de toute construction. Les gravats forment désormais un amas de plus en plus haut en bordure de la zone du canal, représentant un danger permanent pour les eaux de la baie de Lorient… et alors ?

Est-on en droit de se demander à qui profite cette exploitation, d'où proviennent les centaines de tonnes de gravats, où repartent les roches ?


Voici la copie de l’autorisation provisoire de stockage délivrée en mars 2022. On peut voir qu’il s’agit de remblais provenant de fouilles archéologiques. Défense de rire. Les services archéologiques ont dû tomber sur l’équivalent arawakien du Machu Picchu !



  • Photo du rédacteur: guillaume jouet
    guillaume jouet
  • 29 mars 2023
  • 1 min de lecture

Dernière mise à jour : 8 avr. 2023





En 2021, la mandature précédente a voté un nouveau Code de l’environnement applicable dès janvier 2022.

On peut y lire : Art. 45-11. – Une délibération du conseil exécutif peut, à titre exceptionnel, autoriser le stockage de déchets du bâtiment à titre temporaire pour une durée n’excédant pas six mois, en vue d’une réutilisation ou d’un recyclage ultérieurs, ou dans l’attente d’un autre mode de traitement.


Le 23 mars de la même année, le Conseil exécutif de l’ancienne majorité a voté une autorisation de dépôt de remblais sur le site Autour du Rocher pour une durée de… un an. Quels étourdis, ces élus ! Ils ne se rappelaient plus de leur propre Code, voté deux mois plus tôt !


Depuis, Paco Chanseau (société RSB) a pleinement profité de son autorisation. Le ballet de camions est incessant, les pelleteuses étalent, puis tassent les nouveaux arrivages. Le terrain est maintenant monté de plusieurs mètres supplémentaires.


L’autorisation si délicatement délivrée par l’équipe précédente à la veille de sa défaite électorale prend fin le 31 mars 2023. Il incombe désormais à la Collectivité de faire respecter le droit et d’imposer à la société RSB l’enlèvement de l’intégralité des dépôts réalisés. Le terrain devra retrouver son niveau initial (les cotes altimétriques sont visibles sur le PC obtenu en 2018), en espérant que le sol d’origine pourra retrouver ensuite un couvert végétal digne de ce site.


La saison cyclonique approche. Des vagues submersives et des pluies diluviennes ne manqueraient pas de nettoyer le terrain, boucher le canal et tapisser la baie de Lorient des quelques milliers de mètres cubes de déchets de chantiers qui s’y trouveraient encore.



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