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Le Bois Gratté

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  • Photo du rédacteur: guillaume jouet
    guillaume jouet
  • 30 juil. 2022
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 8 avr. 2023

L'évidence sautait aux yeux, le juge des référés l'a confirmé le 17 juin 2022.

La SAS SC Management, devenue depuis la SARL société 369 St Barth Beach Club, a attaqué en référé suspension le retrait de son permis pour fraude, laborieusement élaboré par Bruno Magras et son équipe avant de passer la main à la nouvelle majorité. Ce référé suspension est parallèle au recours sur le fond engagé par J. Sormonte et qui sera jugé dans les mois à venir.


Comme je l'expliquais précédemment, la Collectivité d'alors, après avoir laissé passer le délai réglementaire de trois mois durant lequel elle pouvait annuler le permis de restaurant/bar de plage à Lorient pour tout motif valable, n'avait plus d'autre moyen que de l'annuler pour fraude.

La délibération précisait donc : "Il résulte des pièces du dossier que les plans PC-05, PC-06, PC-08, SUR-2,…font apparaître, en pointillé rouge, une limite de terrain délibérément erronée, masquant le fait qu'une partie du projet est en réalité implantée en zone naturelle N de la carte d'urbanisme. Sans la présentation de ces plans destinés à tromper l'administration, le permis de construire, en partie implanté en zone N, n'aurait pas été délivré".


Cette bande N, ainsi que la bande de trois mètres qui la précède, est une constante s'appliquant systématiquement à tous les terrains situés en bord de plage, réglementation votée par la Collectivité en 2021. Il est donc difficile de croire que les services instructeurs, la Commission urbanisme et le Conseil exécutif aient pu être trompés, à moins qu'ils ignorent leurs propres règlements votés quelques mois plus tôt.

De plus, les fameux pointillés rouges, s'il occultent pudiquement une petite partie de la bande N, ne cachent en rien la bande des trois mètres intégrée d'office à la parcelle, et sur laquelle J. Sormonte veut creuser une piscine (de facto illégale mais validée par le CE de l'époque).


Cette délibération annulant le permis n'était sans doute qu'un sauve-qui-peut destiné à verdir l'ancienne majorité entre les deux tours d'une élection s'annonçant difficile. Les tenants de la majorité Saint-Barth d'abord, bien gênés aux entournures par leur image de bétonneurs compulsifs ont vu là un moyen de devenir de grands défenseurs de l'île et de son environnement aux yeux des électeurs.

L'expérience accumulée après 25 années porte à penser à une stratégie réfléchie qui consistait à annuler un permis pour la communication tout en réservant au pétitionnaire un véritable boulevard lui permettant de le récupérer après une simple formalité (un référé est audiencé dans le mois qui suit le dépôt du recours).

La Collectivité ayant reçu le recours gracieux le 19 janvier, elle avait tout le temps nécessaire pour procéder à la procédure contradictoire et à l'annulation du permis pour des motifs valables et surtout défendables devant un tribunal. Un courrier de procédure contradictoire a bien été envoyé à J. Sormonte, mais quelques jours avant la fin du temps imparti. Le délai devenait de plus en plus serré mais encore jouable, la décision de retrait pouvant intervenir avant le mois de mars. Mais ce n'est que le 17 mars que le retrait a été voté, pulvérisant ainsi toute chance de voir le permis réellement annulé.

Bruno Magras a préféré laisser pourrir la situation afin de n'avoir plus le choix que de l'annulation pour fraude, fraude dont il ne pouvait ignorer qu'elle n'existait pas.


Le juge des référés a donc suspendu la décision de retrait le 17 juin dernier, laissant ainsi les mains libres à Julien Sormonte qui peut désormais commencer à creuser et défigurer cette partie de la plage en attendant le jugement du Tribunal administratif.


Une petite bombe à retardement, patate chaude laissée à la nouvelle majorité qui n'a d'autre choix que de défendre un dossier perdu d'avance devant le Tribunal administratif, ou de retirer la délibération de l'ancienne majorité, actant de fait la possibilité d'un établissement sur la plage de Lorient.


Reste le recours contentieux initié par les voisins qui avaient formulé le recours gracieux. C'et chose faite, la procédure est désormais en cours. Si le tribunal estime que ces derniers ont un intérêt à agir légitime, l'affaire pourra être jugée sur le fond, reprenant point par point les nombreuses irrégularités entachant ce permis.


A suivre…




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  • Photo du rédacteur: guillaume jouet
    guillaume jouet
  • 10 juin 2022
  • 1 min de lecture

Dernière mise à jour : 8 avr. 2023

C’était couru d’avance, la SC Management SAS dirigée par Julien Sormonte a attaqué la décision du Conseil exécutif annulant son permis de construire. Le Tribunal administratif va devoir prendre une décision concernant ce dossier.

La procédure prendra plusieurs mois, pourra faire l’objet d’un appel de l’une ou l’autre des parties, repoussant encore d’autant la décision finale.

En cas de défaite définitive de la Collectivité, les signataires du recours gracieux pourront eux-mêmes attaquer le permis… c’est une guerre de tranchées qui s’amorce.


Il faudra donc peut-être que la population se mobilise encore une fois à coups de pétitions et autres recours pour empêcher que Lorient ne subisse le même sort que Saint-Jean et ne devienne un parc d'attractions entièrement réservé aux touristes ?


En attendant, il semble urgent d’établir de nouvelles règles de protection des quartiers et des plages encore peu touchés par le phénomène, où l’on peut encore se promener librement sans avoir à éviter les transats, les ratisseurs de sable et les décibels à gogo…pour le plus grand plaisir de ceux qui aiment Saint-Barth et qui ne veulent pas vivre ou passer leurs vacances à Ibiza.


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  • Photo du rédacteur: saintbarth-boisgratte
    saintbarth-boisgratte
  • 20 mai 2022
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 10 févr. 2024

Un article du Journal de Saint-Barth du 19 mai 2022 nous informe d'un projet de ferme verticale mené par Monsieur Paco Chanseau.

Sans entrer dans les aspects techniques certainement compliqués, le projet appelle quelques interrogations dans la forme comme sur le fond.



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Qui est Paco Chanseau ?


L'agriculteur bio néo-rural soucieux de la qualité environnementale nous est présenté comme un « jeune entrepreneur ». Jeune, il l'est en effet, mais c'est déjà un vieux briscard du monde des affaires et du bétonnage sur l'île. Une simple recherche Google nous apprend très vite qu'il est, entre autres :


- Président de la société RSB, « location de terrains et de biens immobiliers » (St-Barth) - promoteur, entre autres, du projet Autour du Rocher

- Président de la société DADRET LB, « location de terrains et de biens immobiliers » (St-Barth)

- Président de la société SAS MAÎTRISE D'OUVRAGE, « activité des économistes de la construction » (St-Barth)

- Président de la société OCAP PREIM, « agences immobilières » (Bidart)

- Président de la société OCAP ST JEAN, « location de terrains et biens immobiliers » (St-Barth)

- Président de la société SCI MAISON REEV, « location de terrains et de biens immobiliers » (St-Barth)

- Président de la société SCI MAISON PETIT REEV, « location de terrains et de biens immobiliers » (St-Barth)

- Président de la société OCAP SBH, « agences immobilières » (St-Barth)


Auxquelles s'ajoutent les sociétés faisant sans doute référence au projet de ferme verticale, à savoir :

- Président de la société OCAP ZERO, « activité des sièges sociaux » (St-Barth)

- Président de la société OCAP DISTRIB, « commerce de gros » (St-Barth)

- Président de la société OCAP ZERO SAINT-BARTH, « reproduction de plantes » (St-Barth)


Un hyperactif en somme, à l'esprit d'entreprise particulièrement développé et aux centres d'intérêt surtout orientés vers le bâtiment ! Replacé dans son contexte, le jeune agriculteur 2.0 ressemble plus à un héritier Bouygues qu'au fils spirituel de Pierre Rabhi.



Une ferme verticale, pour quoi faire ?


L'article nous parle d'une production annuelle de 10 à 15 tonnes de « fruits, légumes et plantes aromatiques », le but à atteindre étant « l'autonomie de l'île ».

L'autonomie, c'est bien, mais cela sous-entend l'adhésion totale des consommateurs ainsi que des distributeurs de l'île qui préféreront sans aucun doute acheter plus cher une salade hors-sol produite à Saint-Barth au détriment d'une salade pleine terre importée de Guadeloupe ou de Martinique.

Par ailleurs, les plantations possibles dans ce type d'installation sont assez limitées : salades, tomates, concombres, etc. pour les légumes mais pas de pommes de terre, patates, manioc… Fraises et autres petits fruits mais aucun arbre fruitier, donc pas de mangues, bananes, corossols, etc. Les plantes aromatiques sont par contre toutes cultivables dans ces conditions étroites.

Finalement, 80 % des besoins en fruits et légumes continueront d'être produits dans les îles alentour et d'être acheminées par bateau ou avion, sans grande conséquence prévisible sur le nombre de navettes ni sur le bilan carbone de cette activité, pour finalement manger des salades qui n'auront jamais vu un gramme de terre.



Une agriculture frugale ?


Ces fermes présentées comme hyper-écologiques ne parviennent pas à obtenir le label « Bio », contrairement à ce qu'affirme Paco Chanseau. Ce sont en effet des gouffres énergétiques réclamant pour les éclairages et la climatisation une production d'électricité totalement démesurée. Imaginez la consommation nécessaire pour rafraîchir un bâtiment de 400 m² intégralement fermé sous le soleil de Saint-Barth. Ajoutez la consommation des lampes UV, des robots appelés à réaliser les manipulations, de l'informatique embarquée…

Une étude a démontré qu'il faudrait 20 m² de panneaux solaires pour cultiver un mètre carré de blé en ferme verticale. Ce ne sont certainement pas les 50 m² de panneaux solaires visibles sur la présentation fournie qui permettront de subvenir à tous ces besoins. Encore une fois, la pression future exercée sur le réseau EDF est minimisée pour les besoins de la cause et les tomates ont plus de chance d'être boostées au gasoil que de connaître le bonheur de la pleine terre.

Le besoin en eau est un autre sujet très vite survolé. Paco Chanseau avance une consommation de 400 m³ par an. Cette eau sera récupérée en citerne, donc sans aucun apport d'eau courante. La photo du projet montre pourtant une toiture intégralement végétalisée à l'exception des panneaux solaires. Peut-on expliquer la technologie miraculeuse consistant à récupérer l'eau d'une toiture végétalisée ?

La construction du bâtiment et sa maintenance doivent également être prises en compte pour évaluer le bilan carbone d'un tel projet, ainsi que la fabrication et l'importation de tout le matériel nécessaire, dont les composants viendront des quatre coins du monde.

Enfin, l'artificialisation de 500 m² de terrain sur l'île est à prendre en compte.

Tout cela semble bien démesuré pour une île de 24 km² et de 9 000 habitants.



À quel endroit ?


Où qu'il soit, le projet devra répondre aux règlements de la carte d'urbanisme. Or, les endroits où il est possible de construire une entreprise industrielle, d'une surface de 400 m² en un seul volume, couvert d'une toiture plate intégrale (même végétalisée) ne sont pas légion sur l'île, et encore moins à Saline. La mission agricole de Paco Chanseau s'affranchira-t-elle de ces règlements mesquins au nom de l'abondance et de l'autonomie ?



Un projet caché ?


Alors, Paco Chanseau se passionne-t-il pour l'agriculture de demain ? Se voit-il en bienfaiteur nourricier d'une île alimentairement autonome et au bilan carbone parfaitement neutre ? Ou bien ce projet hors-sol dans tous les sens du terme n'est-il que la face cachée d'une énième opération immobilière beaucoup plus juteuse que ses tomates hydroponisées ? Ses nombreuses opérations d'achat et de revente sur l'île font plutôt pencher pour cette hypothèse et la ferme ultramoderne risque de produire à terme beaucoup plus d'oseille que de salades.



Il me semble avoir lu dans le Journal de Saint-Barth que des producteurs tentaient un regroupement, ou du moins une organisation solidaire leur permettant de produire et vendre de façon pérenne. La piste est sans doute beaucoup plus intéressante : favoriser une production qui, si elle reste modeste, sera dans tous les cas plus qualitative et moins néfaste pour l'environnement.

On peut rêver de terrains de la Collectivité apprêtés et loués à différents producteurs à un petit prix. Pour l'eau, il existe des techniques qui ont fait leurs preuves dans certains pays, comme l'arrosage avec des oyas de terre cuite, très efficace et surtout très économe... Pourquoi pas des terrains horticoles à la ferme de Gouverneur, par exemple, maintenant que le site est de toute façon totalement chamboulé ? Une utopie ?


 
 
 

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